Je vous parlais l’autre jour de mes principes de Maman qui tombaient les uns après les autres. Mais il n’en est rien, si je compare aux principes qu’avaient mes parents avant d’être grands-parents.

Je me souviens avoir grandit dans une famille stricte, avec pas mal de règles. Enfant, on ne quittait pas la table avant d’avoir fini notre assiette, quel que soit le repas. Les bonnes notes, c’était important et on travaillait dur le soir et le week-end. Jusqu’à ce que je quitte le foyer familial à 18 ans, à 21 heures maximum je devais être au lit, les lumières éteintes (même 20 heures jusqu’à mes 15-16 ans). Le samedi après-midi, si je sortais je devais être rentrée à 18 heures. Et les sorties le samedi soir étaient très cadrées. Pas de maquillage, encore moins de piercings. Au quotidien, ma Maman s’occupait de tout : de la maison, des conduites, des enfants. Mon père quant à lui était peu présent : il travaillait beaucoup pour que nous ne manquions de rien. Je ne me souviens pas avoir joué aux Polly Pocket ou à la poupée avec mes parents, mais c’est parce que comme moi maintenant, ils n’en avaient pas forcément le temps. Les seuls moment de « relâche », c’était pendant les vacances, lorsque nous voyagions aux quatre coins du monde. J’ai oublié plein de règles, mais c’est ce mode de vie qui a fait de moi l’adulte que je suis aujourd’hui et je remercie mes parents pour ça.

Logiquement, je pensais qu’en devenant grands-parents, mes parents resteraient stricts, un peu sévères. Je revois ma mère me briefer « Pas trop de bras », « laisse ton bébé dormir dans sa chambre », « il faut la laisser pleurer un peu », « évidemment, des légumes à chaque repas »… Et aujourd’hui je la vois dormir avec mes enfants, leur cuisiner toujours du poulet à l’indienne ou du riz gluant « parce qu’ils adorent ça, et puis l’important, c’est qu’ils mangent, non ?« , retourner son appartement et leur inventer mille et une histoires… Finalement, j’ai l’impression que devenir grands-parents il y a 10 ans les a totalement transformés ! Comme s’ils avaient trouvé le rôle de leur vie.

Ma maman, elle était stricte, elle ne l’est plus du tout. Elle était à cheval sur plein de principes, il n’y en a plus aucun. Non pas qu’elle ne se fasse pas obéir, bien au contraire (tout le monde sait que c’est elle, « la chef). Mais aujourd’hui, elle vit pour ses petits-enfants. Littéralement. Elle pourrait passer des heures à construire des cabanes avec eux dans son appartement, peu importe s’il y a des coussins qui traînent partout. Elle s’en fiche de courir par -5 degrés aller acheter des croissants à la boulangerie, si c’est pour faire plaisir à ses petits-enfants. Peu importe s’ils mettent des miettes et du chocolat partout, tant qu’ils rigolent à pleines dents.

Mon père quant à lui, qui a toujours dit « Moi, jamais j’irai habiter Paris« … A poussé ma mère, l’année dernière, à venir vivre en location en région parisienne « pour voir« . Finalement, le « pour voir » s’est transformé en « on reste ici, c’est trop bien la région parisienne. Exit les rêves d’habiter en Thaïlande ». Et puis surtout, en région parisienne, il y a leurs 6 petits-enfants… Mon père, c’est celui qui serait prêt à planter n’importe quel rendez-vous pour venir faire un bisou à son petit fils. C’est celui qui, même s’il ne comprend rien aux Mystères de Pekin, serait prêt à faire 10 parties d’affilée pour faire plaisir à sa petite fille. C’est celui qui a donné goût à la lecture à ma poulette. C’est aussi celui qui parfois râle un peu sur ma mère car « S. a 4 ans et demi, il serait temps qu’on arrête de le prendre dans notre lit quand il vient dormir chez nous, non ?« , mais qui, dans le fond, est bien content de voir des étoiles dans leurs yeux quand ils leurs font plaisir.

Et là, je vois mes parents, derrière leur écran…
Ma mère : « Mais non, elle dit n’importe quoi. Je ne les laisse pas TOUT faire. On a des règles »
Mon père : « Elle a raison. C’est vrai, on avait dit que lorsqu’on habiterait à côté de chez eux, on mettrait des règles »
Ma mère : « On en a des règles. Ils ne font pas TOUT, et puis ils mangent bien, ils dorment bien, ils sont gentils. Alors on peut faire ce qu’on veut, non ? Et puis, elle a dit que chez nous, on faisait ce qu’on voulait »

Alors oui, c’est vrai que parfois, ça m’embête que ma Maman leur donne souvent des bonbons. Que ce soit un peu le bordel lorsque les enfants sont chez eux. Que Little S. et Choupette disent des choses du style « trop bien ce soir on va chez Papy et Ba Ngoai et on va boire du Coca ». Mais, c’est un tel bonheur de les voir tous les 4, si épanouis, si complices ! Quelle bonne décision qu’ils ont eu de venir habiter dans notre éco-quartier (je vous vois venir : notre relation avec mes parents est assez incroyable…Pour nous c’est un vrai plus que de les avoir à côté). Alors mes principes de Maman vis-à-vis des grands-parents et de leurs petits-enfants, eux aussi ils disparaissent petit à petit… Tant qu’ils sont polis et respectueux, après tout, pourquoi pas relâcher la pression chez Papy et Ba Ngoai ?

Et puis, profiter de leurs petits-enfants… Ce n’est pas, justement, le rôle des grands-parents ?